Logistique durable

Logistique durable

Le concept de « logistique et de chaîne d'approvisionnement durables » est évolutif dans l'univers de la pratique logistique et peut être décrit comme une transformation intégrale des stratégies, structures, processus et systèmes logistiques vers une utilisation plus rationnelle et efficace des ressources dans les activités de la chaîne d'approvisionnement, allant de l'approvisionnement en matières premières aux processus de transformation, en passant par le stockage, l'emballage, la distribution et la gestion de la fin du cycle de vie des produits. La logistique durable prend une importance accrue dans le cadre de la transition d'un modèle économique linéaire (fondé sur les cycles d'extraction, de transformation, de distribution et de consommation) vers un modèle d'économie circulaire, dont l'objectif principal est de prolonger la durée de vie des produits et de rationaliser l'utilisation des ressources dans le temps.

La durabilité repose sur trois piliers : l'économie, la société et l'environnement. Ces principes sont également appelés de manière informelle « les 3 P » : profit, personnes et planète. En trouvant un équilibre entre eux, la logistique peut fournir le meilleur service tout en imposant et en assurant une utilisation plus consciente des ressources. 

La logistique verte applique une approche tridimensionnelle du cycle de vie, par opposition à l'approche traditionnelle unidimensionnelle, axée uniquement sur l'économie. Suivre l'approche tridimensionnelle ne signifie pas nécessairement que le niveau d'effort et les délais seront multipliés par trois. Cependant, comme l'organisation réduit son impact sur l'environnement et soutient des comportements sociaux positifs, il peut y avoir un retour sur le « rapport qualité-prix » global. 

Pilier

Types d'effets   

Économiques

  • Régénération économique
  • Développement économique durable
  • Mise au point de systèmes de management environnemental
  • Coût total de possession et coût du cycle de vie
  • Rapport qualité-prix
  • Réduction de la pauvreté

Environnementaux

  • Gestion des ressources environnementales
  • Urbanisme
  • Réduction du CO2
  • Énergies alternatives : par exemple énergie solaire, éolienne
  • Gestion de l'eau
  • Agriculture durable
  • Gestion des ressources marines
  • Protection des écosystèmes
  • Gestion de la pollution et des déchets

Sociaux

  • Droits humains
  • Eau potable propre
  • Sécurité alimentaire
  • Rémunération équitable et protection du droit du travail
  • Lois contre le travail des enfants et le travail forcé
  • Commerce équitable
  • Santé et sécurité
  • Égalité des sexes, y compris éducation universelle
  • Mortalité infantile et santé maternelle
  • Bonne santé et bien-être pour tous

Banque mondiale - Sustainable Procurement (2019)

Il existe un large éventail d'initiatives visant à rendre la logistique aussi écologique que possible, et chaque organisation doit évaluer ses propres objectifs, capacités et plans pour les atteindre.

De bonnes pratiques permettent de parvenir à un équilibre plus durable entre les objectifs économiques, environnementaux et sociaux. Elles peuvent comprendre les mesures suivantes :

Domaine d'activité

Situation actuelle

Mesures d'amélioration

Avantages

Transport

Flotte causant de fortes quantités de pollution, qualité de l'air réduite.

Mesurer les mouvements, les coûts et l'entretien des moyens de transport pour recueillir des données sur leur utilisation. Investir en conséquence dans un entretien approprié en fonction des besoins et de la stratégie sélectionnée. Il peut s'agir de redessiner des itinéraires plus courts, d'investir dans des véhicules écologiques, etc.

Unités de transport à émissions plus faibles, bien entretenues et suivant des plans de réparation qui réduisent les coûts environnementaux et économiques en augmentant l'efficacité.

Distribution

Les canaux de distribution ne sont pas bien organisés ou présentent de grandes inefficacités.

Planifier la chaîne d'approvisionnement et les approvisionnements en tenant compte du coût de la gestion des déchets produits.

Relier efficacement les lieux de production aux points de distribution, y compris en utilisant la proximité des points de stockage/distribution comme critère de sélection.

Évaluer la chaîne de production ou les canaux de distribution de troisième niveau des fournisseurs afin de détecter tout gaspillage ou mauvais usage.

Livraisons plus rapides, flexibilité accrue pour les demandes tardives et gain de temps dans la gestion des déchets.

Approvisionnement

Sélection fondée sur le prix qui peut cacher des activités contraires à l'éthique ou non respectueuses de l'environnement.

Concevoir et appliquer des critères de sélection qui correspondent aux politiques éthiques et environnementales de l'organisation.

Rechercher les initiatives mises en place par d'autres organisations et les adapter à la situation.

Bénéfice pour la réputation.

Stockage

Pertes de produits dues à la dégradation causée par de mauvaises conditions de stockage, ou dommages lors des déplacements au sein de l'installation de stockage.

Améliorer l'infrastructure pour faciliter le déplacement des marchandises. Utiliser la lumière solaire et la ventilation naturelle.

Si l'infrastructure doit durer plus de deux ans, investir dans des sources d'énergie solaire ou éolienne et gérer la consommation d'électricité (section sur l'alimentation électrique).

Économies d'argent et de temps.

Emballage

Utilisation excessive de matériaux non biodégradables.

Choisir le mode de transport approprié en disposant de suffisamment de temps pour pouvoir comprendre comment les marchandises sont emballées et étiquetées. Essayer de trouver un bon compromis entre sécurité et manutention ; réduire les emballages et/ou employer des matériaux réutilisables ou biodégradables. Exemple : carton ondulé et autres formes d'emballages à base de papier.

Économies de ressources.

Projet WREC

La protection de l'environnement est particulièrement importante dans le secteur humanitaire : la dégradation de l'environnement, due à des conflits ou à des catastrophes naturelles, est une question transversale qui requiert une intervention coordonnée pour assurer que les activités visant à sauver des vies aujourd'hui n'ont pas de conséquences indésirables qui nécessiteront un nettoyage demain. Des études récentes sur l'environnement dans l'action humanitaire ont régulièrement défini la logistique comme une étape de la chaîne d'approvisionnement où le risque de conséquences indésirables est élevé et à laquelle il est nécessaire d'intégrer des experts environnementaux pour déterminer des solutions évolutives. À cette fin, le Cluster Logistique Mondial, avec le soutien d'une coalition d'organisations humanitaires : le Conseil danois pour les réfugiés (DRC), la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Save the Children International et le Programme alimentaire mondial,  a mis en place le projet WREC (mesure de la gestion des déchets, logistique inverse, approvisionnement et transport durables sur le plan environnemental et économie circulaire) afin de produire des directives harmonisées sur la gestion des déchets et les émissions de gaz à effet de serre, d'accroître les connaissances et la sensibilisation de la communauté humanitaire en matière de logistique verte, et d'aider les professionnels à réduire l'impact environnemental, en mettant notamment l'accent sur des solutions durables sur le terrain.

Le projet WREC réunit des partenaires humanitaires, le secteur privé et le monde universitaire pour garantir que les activités visant à sauver des vies aujourd'hui n'ont pas de conséquences environnementales indésirables qui nécessiteront un nettoyage demain. Dans ce cadre, le Cluster Logistique Mondial joue un rôle actif dans la coordination et la collaboration avec les acteurs qui mènent des initiatives complémentaires afin d'assurer que ces informations sont à la fois disponibles et contextualisées pour être utilisées par les professionnels sur le terrain. Il est possible d'accéder à la plateforme WREC ici pour en savoir plus sur les initiatives les plus récentes en matière de logistique humanitaire et trouver des conseils utiles afin de réduire les incidences environnementales associées aux opérations de logistique humanitaire.

Planification et suivi de la logistique durable

Liste de contrôle en matière d'environnement

Cette série de questions peut être utilisée comme une liste de contrôle pour cibler les domaines clés à prendre en considération dans le secteur humanitaire :

  • Quels risques environnementaux les activités de votre organisation présentent-elles ?
  • Les matériaux que vous utilisez représentent-ils un danger pour l'environnement, le personnel ou les bénéficiaires ?
  • Connaissez-vous l'impact sur l'environnement du matériel (y compris son élimination) et des services que vous fournissez ?
  • Connaissez-vous la quantité ou le type de déchets que vous produisez ?
  • Savez-vous comment ces déchets sont éliminés ou quel en est le coût ?
  • Votre organisation utilise-t-elle la méthode la plus rentable pour maîtriser ou éliminer le risque de pollution ?
  • L'adoption de méthodes alternatives pour maîtriser ou éliminer le risque de pollution présente-t-elle des bénéfices cachés tels qu'une plus grande efficacité, ou même des occasions commerciales directes (par exemple utilisation commerciale des déchets) ?
  • Connaissez-vous les normes et la législation environnementales en vigueur dans le pays dans lequel vous intervenez ?
  • Quel dispositif avez-vous mis en place pour surveiller le respect de la législation environnementale ?
  • La direction générale s'engage-t-elle activement à veiller à ce qu'une attention appropriée soit accordée aux aspects environnementaux dans votre organisation ?
  • Pourriez-vous améliorer votre image environnementale auprès des donateurs et des collaborateurs ? 
  • Mettez-vous en valeur vos performances environnementales auprès des donateurs ?

Systèmes de management environnemental (SME)

Les activités de logistique et de transport ont été définies comme ayant une incidence majeure sur l'environnement. Par conséquent, les autorités ont commencé à élaborer une législation consistante, tant au niveau national qu'international. Les objectifs d'amélioration des performances environnementales ont été établis par la communauté internationale à travers une série de réunions et d'accords internationaux, du Sommet de la Terre de Rio en 1992 à l'adoption des objectifs de développement durable lors de la conférence Rio+20 en 2015, en passant par les réunions relatives au changement climatique dans le cadre du Protocole de Kyoto, notamment l'Accord de Paris. Les accords internationaux qui présentent un intérêt particulier pour le personnel chargé de la logistique comprennent les conventions de Bâle-Rotterdam-Stockholm sur la gestion des déchets, le Protocole de Montréal sur la protection de la couche d'ozone (concernant des substances telles que les gaz de climatisation) et la Convention de Minamata sur l'élimination progressive du mercure.

La meilleure façon de gérer les incidences environnementales consiste à recourir à une approche systématique qui aide les organisations à comprendre tous leurs impacts et à les traiter dans une sorte d'ordre de priorité. L'outil le plus courant est le système de management environnemental (SME), dont l'approche la plus connue est décrite dans la série de normes 14000 de l'Organisation internationale de normalisation (ISO). La famille de normes ISO 14000 traite de divers aspects du management environnemental et a été adoptée par plus de 300 000 organisations dans le monde. Les trois premières normes portent sur les systèmes de management environnemental (SME).

  • ISO 14001:2015 Exigences et lignes directrices pour un SME.
  • ISO 14004:2016 Lignes directrices générales pour la mise en application.
  • ISO 14005:2019 Lignes directrices pour une approche souple de la mise en œuvre par phases.

Les autres normes et lignes directrices de cette famille traitent d'aspects environnementaux spécifiques, notamment :

  • Étiquetage.
  • Évaluation des performances.
  • Analyse du cycle de vie.
  • Communication et audit.

Ces normes fournissent un cadre pour la gestion des questions environnementales plutôt qu'elles n'établissent des exigences de performance. Le processus commence par l'engagement de la direction générale et la conception d'une politique environnementale et aboutit aux résultats suivants :

  • Documentation des incidences environnementales, établissement de priorités entre elles et d'objectifs d'amélioration.
  • Prise de conscience.
  • Planification de la méthode pour respecter les obligations des parties prenantes (y compris les exigences légales) et les objectifs.
  • Mise en œuvre (y compris contrôles opérationnels).
  • Formation du personnel et communication avec celui-ci.
  • Vérification de la documentation pertinente.

Suivi

Une fois le SME mis en place, il fait l'objet d'un suivi formel par un processus d'audit qui permet de repérer les objectifs non atteints, les procédures non respectées ou les nouvelles procédures nécessaires, ainsi que de décrire les mesures correctives requises pour garantir que le SME réalise ses objectifs. Les responsables sont tenus de s'engager dans ce processus et d'examiner régulièrement les performances du système. L'examen des performances peut entraîner la modification ou la mise à jour de la politique ou des objectifs, à la lumière des rapports d'audit ou des changements de situation. Ce processus doit encourager un engagement en faveur de l'amélioration continue de la gestion environnementale et assurer que l'organisation ne risque pas d'échouer en matière de respect de ses obligations légales et morales.

Mesure des performances

Les organisations dotées d'un système de management environnemental tentent de surveiller leurs performances, des mesures simples étant par exemple les suivantes :

  • Volume de carburant utilisé pour le déroulement d'une intervention sur une période définie, notamment :
    • Fonctionnement des véhicules.
    • Fonctionnement des générateurs.
    • (Si possible) carburant utilisé par les prestataires de transport tiers.
  • Entretien et réparation appropriés de l'équipement, notamment :
    • Suivi des performances changeantes/dégradées des générateurs et des véhicules.
    • Suivi de la consommation des équipements dépendants/de soutien (pneus, filtres, etc.).
    • Élimination appropriée des huiles et lubrifiants usagés.
  • Utilisation appropriée du transport, notamment :
    • Éviter d'envoyer des navires vides ou partiellement chargés.
    • Partage des ressources de transport avec d'autres organismes.
    • Compréhension des besoins en matière de transport international, en particulier les articles transportés par voie aérienne.
  • Établissement d'objectifs de réduction des déchets, notamment :
    • Réduction au minimum de la détérioration et de la péremption des articles stockés.
    • Réduction des exigences en matière d'emballage des articles de secours.
    • Élimination respectueuse de l'environnement des produits de base périmés.
    • Garantie d'un plan d'élimination approprié pour tous les articles.

Réduire au minimum les incidences négatives sur l'environnement

Production d'énergie durable

Les organisations humanitaires travaillent souvent dans des environnements rudimentaires dépourvus de réseau. L'utilisation de générateurs alimentés par des produits pétrochimiques est extrêmement courante. Si les générateurs sont inévitables dans de nombreux contextes, il existe des mesures que les organismes peuvent prendre pour réduire le gaspillage et l'impact environnemental.

  • Définir des heures de fonctionnement standard pour les générateurs : les générateurs présentent déjà des limites quant à leur durée de fonctionnement, et lorsque la sécurité le permet, les organismes peuvent choisir des « heures creuses » pour éviter de brûler du carburant lorsque cela n'est pas nécessaire.
  • Réviser et entretenir correctement les générateurs, où qu'ils soient utilisés. Des générateurs correctement entretenus permettent également de réaliser des économies et de renforcer la sécurité.
  • Investir dans un système électrique solaire ou un système de batterie de secours pour produire de l'électricité et la fournir aux bureaux et aux complexes. Les systèmes de batterie et solaires sont souvent d'excellents outils pour renforcer les systèmes électriques et peuvent être utilisés en même temps que des générateurs ordinaires.

Pour plus d'informations sur les méthodes appropriées d'entretien d'un générateur, sur la sélection et l'installation d'un système électrique solaire ainsi que sur l'utilisation de systèmes de batterie de secours, consulter la section du présent guide consacrée à la production d'énergie électrique.

Utilisation durable des véhicules

Les véhicules sont largement utilisés dans le contexte humanitaire et il est presque inévitable d'intervenir dans et autour d'eux. Il existe de nombreuses mesures à prendre pour garantir les performances les plus durables et les plus écologiques des véhicules.  Il s'agit notamment de :

  • Sélectionner des véhicules économes en carburant et veiller au bon dimensionnement des flottes.
  • Former les conducteurs en vue de réduire les accidents et d'améliorer la consommation de carburant.
  • Suivre la consommation de carburant.
  • Suivre l'utilisation des véhicules en matière de charge utile et de parcours à vide.
  • Effectuer un entretien préventif, car un véhicule mal entretenu consomme plus de carburant.
  • Éliminer les enveloppes de pneus, les batteries, l'huile de moteur usagées et les autres déchets de véhicules de manière responsable.

Une flotte correctement entretenue présente l'avantage d'être à la fois respectueuse de l'environnement et rentable. Pour plus d'informations sur la sélection des véhicules, le suivi des véhicules et de la flotte et l'entretien approprié, consulter la section du présent guide consacrée à la gestion des véhicules et de la flotte.

Gestion des déchets

Les sous-produits indésirables de l'action humanitaire (par exemple les plastiques et les emballages nécessaires pour préserver la qualité des articles de secours, alimentaires ou non, les matières dangereuses provenant des flottes de véhicules des organisations, comme les pneus usagés, les huiles de moteur et les lubrifiants, les batteries et les véhicules hors d'usage, les fumées dangereuses provenant de l'incinération des déchets) ont un impact négatif sur la santé humaine et écologique locale, et ils sont ordinairement générés dans des contextes où il n'existe pas de systèmes permettant de les gérer de manière durable.  La gestion des déchets peut être définie comme l'ensemble des pratiques, processus et politiques visant à mesurer et à réduire le volume global des déchets d'une organisation. En règle générale, les pratiques de gestion des déchets doivent être classées par ordre de priorité selon le schéma suivant :

  • Réduction
  • Réutilisation
  • Recyclage

L'objectif final d'une gestion efficace des déchets est de réduire les déchets à la source, par exemple en évitant les emballages inutiles, en interdisant les plastiques à usage unique et en introduisant des mécanismes permettant de planifier les besoins de manière à limiter la quantité de déchets ou de sous-produits à éliminer.

Voici quelques mesures efficaces pour comprendre les différents flux de déchets sur le site, définir les options d'élimination les plus appropriées et améliorer en permanence la gestion des déchets sur le site :

  • Introduction d'un inventaire des déchets solides ; cet exercice permet de repérer tous les déchets générés et éliminés sur site et/ou hors site. Cette mesure est complétée par une inspection physique des lieux de stockage actuels des déchets dans le complexe/l'installation et/ou un examen des factures des prestataires de services de gestion des déchets.
  • Détermination des méthodes d'élimination les plus appropriées pour chaque type de déchets, de la « meilleure option » au « dernier recours ».
  • Repérage des entrepreneurs locaux et du potentiel disposant d'une capacité adéquate pour traiter et éliminer les déchets dangereux et non dangereux, en collaboration avec les équipes chargées de l'approvisionnement.
  •  Mise en place et inspection régulière des zones de stockage pour assurer la séparation des flux de déchets.

Emballage durable

Les départements de logistique des organismes humanitaires doivent souvent gérer l'emballage du matériel. L'emballage représente l'un des plus grands défis pour une logistique respectueuse de l'environnement, tout en étant crucial pour l'expédition et le stockage.

L'emballage a des conséquences sur le transport, les méthodes de stockage et l'encombrement d'un espace donné. L'emballage peut augmenter le coût unitaire s'il empêche l'optimisation de l'espace de stockage. De nombreux secteurs ont mis au point des formes d'emballage capables de résister aux contraintes du transport, mais qui ne justifient pas les dépenses associées à leur retour au point d'origine. Ces emballages sont donc utilisés une fois puis jetés.

Mesures à prendre lors de la planification de l'emballage :

  • Prévoir des suremballages biodégradables tels que des boîtes en carton.
  • Si possible, prévoir de récupérer les matériaux d'emballage, de les recycler localement ou même de les renvoyer au vendeur pour qu'il les réutilise. Les fournisseurs et les acheteurs doivent chercher à récupérer et à recycler ou à éliminer efficacement les emballages.
  • Réduire la taille de l'emballage, ce qui nécessite moins d'espace pour le stockage et moins de carburant pour le transport.
  • Rechercher les sociétés locales susceptibles de s'engager dans l'élimination et le recyclage écologiques des déchets solides.
  • Lorsque l'emballage ne peut pas être fabriqué à partir de matériaux biodégradables ou réduits, envisager de le mettre en kit et de le reconditionner dans un emballage durable avant le dernier kilomètre de la distribution afin d'éviter le gaspillage incontrôlé de matériaux.

Gestion écologique des installations

Il existe de nombreuses mesures que les organismes peuvent prendre pour améliorer la durabilité des locaux de travail et de vie ainsi que des entrepôts. Celles-ci peuvent comprendre les éléments suivants :

  • Éviter de gaspiller l'eau en utilisant des robinets économes, des méthodes de prévention des fuites et de recyclage.
  • Installer des ampoules à faible consommation d'énergie.
  • Utiliser des réservoirs d'interception pour éviter la pollution par ruissellement des zones de distribution de carburant.
  • Éliminer progressivement les gaz appauvrissant la couche d'ozone des systèmes de climatisation des entrepôts et des complexes.
  • Élaborer une stratégie de gestion des déchets électriques et électroniques (vieux ordinateurs, équipements de communication) et des batteries.

Dans la gestion de l'entrepôt et des stocks :

  • Utiliser des méthodes appropriées de gestion des stocks pour éviter l'infestation, la détérioration, les dommages et la péremption, qui entraînent tous des déchets et l'élimination des produits.
  • Faire preuve de prudence dans la gestion et la surveillance des produits chimiques dangereux afin d'éviter les déversements ou les fuites. 
  • Prendre des mesures pour mieux gérer la production, la collecte et l'élimination des déchets, y compris les déchets d'emballage.

Pour plus d'informations sur les méthodes appropriées de gestion des stocks, consulter la section du présent guide consacrée à l'entreposage et à la gestion des stocks physiques. La gestion du carburant et la manipulation des matières dangereuses y sont également traitées.

Approvisionnement écologique

L'approvisionnement durable vise à adopter des facteurs sociaux, économiques et environnementaux en plus des considérations habituelles de prix et de qualité dans le traitement des processus et procédures d'approvisionnement des organisations. (CIPS)

Le processus d'approvisionnement est un excellent contexte pour évaluer les pratiques de logistique verte et s'engager sur cette voie. L'approvisionnement durable tient compte des conséquences environnementales, sociales et économiques de la conception, des matériaux utilisés, des méthodes de fabrication, de la logistique et de l'élimination.  Grâce à l'approvisionnement écologique, les organisations peuvent répondre à leurs besoins en matière de marchandises, de services et d'équipements collectifs de manière rentable tout en respectant les principes du développement durable.

L'objectif  et le défi de l'approvisionnement durable consistent à intégrer des réflexions environnementales et sociales dans le processus d'approvisionnement.  L'une des méthodes les plus performantes est de choisir les critères de sélection appropriés en prenant en considération la durabilité, d'informer clairement les soumissionnaires potentiels et d'assurer que toutes les exigences sont correctement remplies. Un guide pour l'élaboration d'appels d'offres destinés aux fournisseurs figure à la section du présent guide consacrée à l'approvisionnement.

Voici quelques exemples de critères de sélection :

Critères économiques

Critères sociaux

Critères environnementaux

Expérience antérieure/actuelle, accréditation par un organisme de certification indépendant.

Accréditation selon une norme par un organisme de certification indépendant.

Impact des matériaux utilisés et des processus de production.

Productivité/capacité de service.

Preuve que les travailleurs connaissent leurs droits et leurs responsabilités au travail.

Impact de l'emballage.

Solidité/innovation de la conception.

Présence de syndicats indépendants ou de comités de direction/de travailleurs efficaces qui s'occupent des priorités des travailleurs, y compris les salaires, les horaires et les conditions de travail.

Impact du transport (celui du fret aérien en provenance d'Europe peut être supérieur à celui du fret maritime en provenance d'Asie/Afrique).

Coût du produit sur toute sa durée de vie

Pratiques et conditions des sous-traitants.

Impact du cycle de vie du produit.

Coût de remplacement du fournisseur actuel.

Participation à des initiatives multipartites visant à éduquer et à modifier les pratiques afin de résoudre des problèmes profondément ancrés.

 

Source : CIPS, Chartered Institute of Purchasing and Supply Chain (2013). Ethical and sustainable procurement.

Les approvisionnements en cours ont eu un tel impact sur la logistique verte que l'ISO a élaboré une norme spécifique capable de guider chaque décision d'approvisionnement.

Conçu sur la base de la norme ISO 26000 relative à la responsabilité sociétale, l'approvisionnement durable repose sur les piliers suivants :

  • Évaluer la « culture d'achat » de l'organisation - Comprendre comment et auprès de qui l'organisation achète/vend, le contrôle des sous-traitants ainsi que les capacités de ceux-ci à répondre aux demandes écologiques, et si les exigences écologiques sont réalistes et exprimées clairement.
  • Connaître la chaîne d'approvisionnement de l'organisation - Évaluer le coût de la chaîne d'approvisionnement et la proportion des recettes qui sert à payer les fournisseurs. Évaluer l'impact sociétal et environnemental des fournisseurs.
  • Réfléchir de manière stratégique ; envisager les risques et les possibilités d'une collaboration plus étroite avec les principaux fournisseurs tout au long du cycle de vie des produits et des services.
  • Obtenir l'adhésion de la direction générale - Veiller à ce que les principaux décideurs approuvent et soient conscients des avantages, des possibilités et des conséquences éventuelles de la mise en œuvre de l'approvisionnement durable dans l'organisation.

Logistique inverse

La logistique inverse a été traditionnellement définie comme le processus consistant à déplacer un produit de son point de consommation vers son point d'origine afin d'en récupérer la valeur ou d'en assurer l'élimination appropriée. Il s'agit de l'un des domaines de la logistique commerciale qui se développe le plus rapidement et dont la portée et l'importance changent constamment. La logistique inverse comprend des activités qui :

  • Évitent le retour d'actifs ou d'articles.
  • Réduisent les matériaux dans le système à l'avant de sorte que moins d'articles reviennent.
  • Assurent la réutilisation et le recyclage possibles des matériaux et des emballages.

Il est décisif de veiller à ce que les projets d'aide soient gérés de manière responsable et à ce qu'ils ne finissent pas par causer des dommages à long terme aux personnes et aux sociétés mêmes qu'ils sont censés aider.

La logistique inverse est la gestion de toutes les activités liées au flux de marchandises, d'informations sur la demande et d'argent dans la direction opposée au flux logistique primaire, y compris la réduction de la production de déchets et la gestion de la collecte, du transport, de l'élimination et du recyclage des déchets dangereux et non dangereux, de manière à maximiser la rentabilité à long terme de l'activité.

La logistique inverse couvre un large éventail d'articles et d'activités et peut inclure :

  • Le déplacement d'éléments de capital et d'équipement vers la prochaine intervention d'urgence.
  • L'enlèvement des conteneurs et des emballages d'une zone d'intervention.
  • La destruction de produits alimentaires de base avariés et de produits pharmaceutiques périmés.
  • Le retour des marchandises refusées aux fournisseurs.
  • Le déplacement des marchandises excédentaires ou fournies en trop vers d'autres programmes ou organisations.

La logistique inverse a lieu dans le secteur humanitaire dans les situations suivantes :

  • Réduction d'échelle des activités :
    • Les marchandises doivent être déplacées vers différents programmes ou éliminées.
    • Évacuation pour cause d'insécurité - peut entraîner la suspension des activités lorsque les marchandises ont déjà été achetées et doivent être retournées au fournisseur ou utilisés dans d'autres programmes.
  • La clôture des programmes ou la fin des situations d'urgence entraîne la remise des articles.
  • Les produits sont rappelés par leur fabricant.
  • Les marchandises refusées sont renvoyées au vendeur pour les raisons suivantes :
    • Commandes incorrectes.
    • Livraisons incorrectes.
    • Les livraisons sont retardées et les marchandises ne sont plus utiles au programme.
    • Marchandises endommagées.
    • Marchandises sous garantie ou en réparation.
  • Retour par camion des matériaux d'emballage en vue de leur réutilisation ou de leur élimination.

Dans tous les cas énumérés ci-dessus, il y a des conséquences sur les coûts qui doivent être prises en considération pendant la période de budgétisation et de planification.

Économie circulaire

L'économie circulaire est fondée sur trois principes, dont la conception est le moteur :

  • Éliminer les déchets et la pollution
  • Faire circuler les produits et les matériaux à leur valeur maximale
  • Régénérer la nature

Une économie circulaire est sous-tendue par une transition vers des énergies et des matériaux renouvelables. Une économie circulaire dissocie l'activité économique de la consommation de ressources épuisables. Il s'agit d'un système résilient qui est bon pour les entreprises, les personnes et l'environnement.

Outils et ressources pour la logistique durable

Sites et ressources